Piratage de cartes bancaires, hameçonnage, demandes de rançon, les escroqueries de tout ordre sont de plus en plus courantes et les entreprises n’en sont pas à l’abri, loin de là.
Intéressons-nous à une forme particulière de fraude sur internet dont les entreprises sont victimes : la fraude au président ou l’escroquerie aux faux ordres de virement.
Pour tenter d’obtenir un règlement frauduleusement, les escrocs ont recours à plusieurs stratégies.
Cela peut consister à convaincre un collaborateur d’une entreprise d’effectuer en urgence un virement important à un tiers pour obéir à un prétendu ordre du dirigeant. Ou encore, l’escroc usurpe l’identité d’un fournisseur pour communiquer de nouvelles coordonnées sur lesquelles il faut effectuer un règlement. L’entreprise qui reçoit le RIB par courriel le transfère à la banque, lui donnant l’ordre d’opérer le virement.
Sachant que l’aboutissement d’une plainte pour ce type de fait est très aléatoire, l’entreprise victime peut être tentée de rechercher la responsabilité de la banque.
La mise en œuvre de cette responsabilité n’est pas évidente puisque, en vertu du principe de non-immixtion, il est admis que le banquier n’a pas à vérifier le bien-fondé ou la régularité des opérations réalisées par son client, lorsque les instructions sont, en apparence, régulières.
Mais, ce principe de non-immixtion, ne dispense pas le banquier de son devoir général de vigilance. Dès lors, il engage sa responsabilité s’il ne s’oppose pas à la réalisation d’opérations apparemment anormales ou irrégulières. À cet effet, l’article L 561-6 du Code monétaire et financier met à la charge de la banque, pendant toute la durée de la relation d’affaires, un devoir de vigilance constante et d’examen attentif des opérations effectuées.
Ainsi, il est tout à fait légitime d’attendre de la part du banquier, en sa qualité de professionnel averti, qu’il porte une attention accrue aux ordres de virements reçus par courriels, surtout lorsque les montants sont élevés. Les erreurs dans l’adresse de messagerie, les fautes d’orthographe sont autant d’anomalies qui doivent alerter la banque lorsqu’elle reçoit un ordre de virement de son client par courriel.